REPERES BIOGRAPHIQUES

Née en 1963.

Institut d’Arts Appliqués de Loos de 1978 à 1981, Ecole des Beaux-Arts de Lille de 1981 à 1985.

Elle aborde différents domaines comme la photographie artistique (plusieurs expositions entre 1987 et 1996) et publicitaire, la sérigraphie ou le monotype. Graphiste de formation, elle réalise aussi des affiches, mailings, pochettes de disques et dans le domaine du spectacle, elle a créé des costumes, décors et accessoires de scène.


EXPOSITIONS

Mars 2013 : Maison des Arts - Sin-le-Noble

Mai 2010 : MJC de Douai

Avril/mai 2002 : Centre Culturel de La Madeleine

Avril/mai 2001 : Musée du Prieuré - Harfleur (76)

Mars 2000 : M.J.C. de Saint-André-lez-Lille

Janvier/février 2000 : Restaurant « Les Compagnons de la Grappe » - Lille

Janvier 1999 : Théâtre de la Verrière - Lille

Décembre 1998 : Mairie de Linselles

Octobre 1997 : Carré Pro - Poste de Boulogne-sur-Mer

Mai 1997 : Lycée Edmond Labbé - Douai

Avril/mai 1996 : Centre Culturel « L’Escapade » - Hénin-Beaumont


Participe aussi à diverses expositions collectives à Douai, Lille, Armentières, entre autres.


DEMARCHE

Toujours en quête d’expressions plastiques variées, Marie-Noëlle Dufromont opte pour une technique mixte : collages, peinture acrylique, pigments colorés, matériaux divers, fusain et pastel sec. Quel que soit le support ( bois, toile ou papier ), elle compose, construit et dessine directement avec ses collages et ses formes de papiers déchirés, froissés, peints et arrachés. Par leurs couches et leurs recouvrements successifs, elle joue ainsi de leurs transparences, de leurs textures et de leurs couleurs.

Ses oeuvres sont des passerelles entre la peinture figurative et la peinture abstraite. Par les brèches d’un univers plastique, elle infiltre celui des hommes. Son travail est un cheminement au cœur de ces turbulences et de la dualité entre ces deux mondes, engendrant des univers riches et énigmatiques où la figure humaine ponctue et rythme les tableaux.

Passant du fond à la forme, ces collages picturaux organisent des espaces architecturaux ou géologiques. Villes ou jardins ? Cocon des mémoires ou chrysalides d’un monde mutant ? Lieux d’éphémère ou de perpétuité ? Le support devient un champ de fouilles, une « cartographie » animée par les errances de la main à l’esprit. D’un pôle à l’autre, Marie-Noëlle Dufromont est une archéologue du sensible, un peintre-voyageur en transit.




RechercheR un univers pictural et partir sur les traces DE…


Il reste toujours quelque chose du pays de l’enfance où observation rime avec imagination. Marie-Noëlle DUFROMONT se souvient de ce lieu turbulent, où l’envie de croquer le monde est aussi tenace que celle de le fuir, pour rejoindre le terrain de jeu fertile de l’imaginaire. De cet espace intime, on ne rentre jamais bredouille parce qu’on y puise et ramène des histoires.

JEU DE PASSE-PASSE DANS UN UNIVERS PICTURAL,

JEU DE CACHE-CACHE DANS LE MONDE DES HOMMES

Pour Marie-Noëlle DUFROMONT, aujourd’hui, le bois, la toile ou le papier sont le terrain de jeu propice à ses créations, son passeport vers l’imaginaire. Ses tableaux s’apparentent à des champs de fouille qu’elle explore à travers la peinture. Dans un passe-passe de formes, de couleurs, de matières, Marie- Noëlle crée son univers entre les couches successives de papiers unis ou colorés ; elle les façonne (plisse, froisse, déchire), les peint et les colle. Sur le support, ses collages picturaux se structurent en paysages mouvants, où seule la figure humaine s’inscrit dans l’espace du tableau. Si vous prenez le vent dans les voilures déchirées des papiers, au gré des transparences et de l’harmonie colorée, vous atteindrez le cœur de villes, de jardins, de cités perdues ou recoins de la mémoire. Si vous prêtez l’oreille, peut-être entendrez-vous les hommes respirer, soupirer dans les membranes de papier, gronder, mugir ou murmurer leur histoire à travers la matière.

· PARTIR SUR LES TRACES DE…

Partir au pays des formes, des couleurs et de la matière.

Les unir, les transformer, les organiser et construire un univers pictural.

Le fouiller, l’interroger, le questionner pour qu’il nous raconte ; le recouvrir pour qu’il préserve et abrite ; l’arracher pour qu’il nous révèle, nous dévoile et nous emmène sur les traces de…

L'UNIVERS PICTURAL : LA CROISEE DES DEUX MONDES

L’univers imaginaire de Marie-Noëlle Dufromont est une passerelle entre la peinture figurative et la peinture abstraite. Elle réunit le monde pictural et celui des hommes pour confronter des caractéristiques communes : mobilité, transformation, et évolution.

Comme un funambule, Marie-Noëlle traverse et joue sur l’équilibre précaire de ces deux mondes toujours sur la brèche, sur le fil de…et soumis aux moindres variations.

Son univers s’éloigne de la représentation du monde réel dont elle ne garde que la trame, l’ébauche. Elle préfère suggérer, construire dans le doute que de bâtir sur les fondations d’un ordre immuable des choses ; elle préfère fouiller et rechercher la pluralité du monde des possibles et partir en quête de sensations, et d’émotions à travers la fragilité plastique.

Composer, construire, organiser le tableau : jeu de formes, de couleurs et de matières

Pour composer un tableau, Marie-Noëlle ne fait pas d’esquisse, ni de dessins préparatoires. Elle démarre directement sur le support en collant des formes toutes simples (rectangles, carrés, bandelettes…) qu’elle arrache dans le papier.

L’organisation du tableau réside dans l’affrontement, l’opposition de ces formes, de ces couleurs et des variations qu’elles subissent. L’artiste se laisse « porter » par ce jeu de construction progressive, le subit ou le domine pour finalement le remodeler et traduire l’image mentale de ces paysages.




MARIE-NOELLE DUFROMONT, ARCHEOLOGUE DU SENSIBLE

L’Humanité se divise en deux espèces numériquement inégales et antagonistes : les bâtisseurs et les artistes. La gent des bâtisseurs, de loin la plus nombreuse et la plus puissante, ne s’embarrasse pas de considérations passéistes : dès qu’un coin de vieilles pierres affiche quelque vétusté, la pioche des démolisseurs entre en scène, et quelques semaines plus tard s’élance vers le ciel, ivre d’éternité, la dernière érection humaine. Ainsi change la ville, Amsterdam, Tokyo, Houplin-Ancoisne ou Mexico : par couches successives, à une vitesse insoupçonnée pour des pierres réputées statiques. Le bâtisseur, curieusement, passe sa vie à détruire. C’est un Attila sur le passage duquel la mémoire ne repousse pas.

Comme le bâtisseur, l’artiste laisse une trace. Mais cette trace procède de l’alluvion, elle vient s’ajouter aux traces imprimées par les prédécesseurs. Et les artistes sont moins oublieux que les bâtisseurs. On n’a jamais vu un sculpteur envoyer le Penseur de Rodin à la casse. Les artistes ont en commun l’envie de freiner le temps et non de l’accélérer, l’envie de découvrir la pierre philosophale de la vie éternelle et non l’arme absolue de la destruction totale. Les artistes savent que, même aléatoire, leur recherche vaut le coup d’être tentée. Dans la quête du Graal, le chemin n’est-il pas plus important que le but ?

Artiste, Marie-Noëlle Dufromont aurait pu se contenter d’ajouter son grain de sable au champ alluvionnaire de l’Oeuvre universelle. Pressentant qu’il y a mieux à faire, elle se cale confortablement au sommet du tumulus imaginaire formé des restes des quatre-vingt milliards d’êtres humains qui nous ont précédés, et de là, se pose en passeur, entre civilisations passées et générations futures. D’ordinaire, la toile est une surface à recouvrir, voire à empâter. Chez Marie-Noëlle Dufromont, au contraire, la toile s’apparente au chantier d’archéologue : il y a plus à creuser qu’à emplir, à fouiller l’obscurité que bâtir dans la lumière. Ainsi le peintre agit comme un médium, instrument de réincarnations étonnantes. Peu à peu, le champ se peuple de discrets sédiments humains : traces, graffitis, ombres, fantômes, multitude plus ou moins inquiétante. Il nous suffit de nous rappeler la silhouette de cet homme impressionnée sur un pan de ruines par l’explosion nucléaire d’Hiroshima, pour deviner le sens du travail de Marie-Noëlle Dufromont : révéler, par bains successifs, à la manière du photographe visionnaire de Blow up, les êtres qui nous ont entourés et nous accompagnent, muets, impalpables et pourtant essentiels.

Nous ne sommes rien, si notre passé est à jamais enfoui, détruit ou renié. Sans l’apport de la mémoire, notre marche éperdue en avant risque de mener à la destruction pure et simple de l’humanité. Heureusement, des artistes comme Marie-Noëlle Dufromont sont là pour nous rassurer sur l’existence d’une continuité, d’un début de sens à la vie. Tant qu’il y aura des êtres pour accepter de faire tourner le monde autour d’eux, axes fragiles et pourtant indéfectibles, nous garderons espoir. Nous continuerons à nous lever le matin, à aimer, à semer des fleurs au jardin, à embrasser nos enfants, à espérer que quelqu’un, dans les temps à venir, perpétuera peut-être le souvenir de notre bref passage sur Terre.


Jean-Michel Baudoin, auteur dramatique / mai 2000, à propos de Brèchumaine et autres travaux récents
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